alors là

Human Zoo

 

Notre planète : un zoo humain ?

Notre civilisation : un essaim de cages pour “animal humain” ?

Notre monde, un parc pour parties de chasse, qui offre le spectacle d’humains chasseurs, chacun ciblé vers son semblable, autre humain chasseur.

L’humain s’excite, avive son excitation, excite son entourage, comme l’animal du zoo excite sa cage contre celle de son voisin.

 

Depuis que l’homme s’est affranchi de l’ombre de Dieu, l’homme se considère “tel Dieu”.

Propre, moral et vertueux, omnipotent sur tout ce qu’il veut et ce qu’il fait, l’homme en a presque oublié son origine, sa nature première, en a presque oublié qu’il n’est en fait qu’un … animal.

Animal social qui, pour survivre, se regroupe en communautés organisées aux tâches partagées : familles, régions, nations, religions, etc.… Chaque communauté développe son propre système de valeurs, sa propre morale et cruellement chacune défend son “territoire”, voire cherche à en étendre l’influence. Au nom de quoi ? La Foi ? La Liberté ? Une conception politique ou religieuse particulière ? Prétextes !

Prétextes, car si un groupe humain n’avait pas de raison d’entrer en conflit avec un autre groupe humain lui faisant face, l’objet de sa lutte se retournerait alors contre lui-même : la guerre lui serait intestine et deviendrait “civile”.

Prétextes, car si l’individu humain n’avait pas à lutter pour, au nom de son groupe, de sa tribu, il lui faudrait alors immanquablement lutter “en son nom” contre “ses frères”.

 

La nature animale de l’homme œuvre à le rendre féroce quelle que soit la cible de sa férocité. Sa libido, son potentiel de violence, trouve sa canalisation en se rassemblant animalement “contre”.

Tel un prédateur en chasse d’un objet, d’une proie d’excitation ou d’exultation, l’homme oriente ses forces, les crocs dans la compétition sociale, économique, sportive, artistique, virtuelle … L’homme “ s’excite ” : il évacue, déploie sa violence et inlassablement invente le terrain, l’imaginaire, les règles du jeu de la sauvagerie qui l’habite.

 

La manière économique de guerroyer, le capitalisme l’a créée telle une version symptomatique de notre grand zoo contemporain, une adaptation merveilleuse du mal générique ambiant. Superbe humain chasseur, plus que tout autre, le voilà ! fabriqué par le Marché.

L’homme sort les crocs. S’il ne le peut les refermer profond dans les chairs de son voisin car la société l’en empêche, alors il les referme profond dans les siennes propres. Sanguinaire et psychopathe. Le “souffrant du corps social” est l’homme qui se mord lui-même, le fou, l’aliéné, le malade en cage, qui a le monde pour hôpital, pour zoo.

 

L’animal qui assemble, synchronise ses forces, avant de les mettre à l’épreuve de la concurrence, crée l’Intelligence : gardienne d’un système ordonnancé et entouré d’un espace pour la curiosité et la création. Les grandes civilisations humaines naissent de là et grâce à leurs rayonnements successifs au fil des siècles, irisent le zoo humain. Reliques d’une harmonisation censée plus bénéfique à l’ensemble, toujours plus efficace et englobante : propice donc à atténuer les conflits armés mais pas à changer la nature même de l’homme, grand organisateur de ce zoo dans lequel, quoi qu’il arrive, il ne saura inexorablement que s’agiter, s’affairer et souffrir aussi, surtout quand il perd.

 

L’Art et son monde, le Monde de l’Art, ne dérogent pas à l’aliénation de l’homme à cette surenchère de ses instincts et appétits animaux. L’Art en soi n’est qu’une manifestation de plus à ajouter au flot inextinguible de celles régulièrement produites par le zoo humain, the Human Zoo.

 

Du Zhenjun

Décembre 2004

-menu-DU ZHEN-JUN 杜震君